» Alexis de Tocqueville (1805 – 1859) refuse cette conception de la volonté générale que l’on trouve dans le Contrat social (1762) de Rousseau (1712 – 1778). Alexis de Tocqueville • Crédits : Théodore Chassériau, 1850. Je pense donc qu’il faut toujours placer quelque part un pouvoir social supérieur à tous les autres. Mais c’est là un langage d’esclave. Une nation est comme un jury chargé de représenter la société universelle et d’appliquer la justice qui est sa loi. Cette autorité ne peut avoir d'autre source. Quand donc je refuse d’obéir à une loi injuste, je ne dénie point à la majorité le droit de commander ; j’en appelle seulement de la souveraineté du peuple à la souveraineté du genre humain. C'est ce que l'on nomme le paradoxe d'Olson. Tocqueville s’en inquiète : les conséquences de cet état de choses sont funestes et dangereuses pour l’avenir 1. La Constitution (considérée comme la loi suprême du pays) limite ses pouvoirs afin d'éviter qu'il en abuse (éviter « la tyrannie de la majorité ») et afin que soient préservées les valeurs constitutionnelles. Supposez, au contraire, un corps législatif composé de telle manière qu’il représente la majorité, sans être nécessairement l’esclave de ses passions ; un pouvoir exécutif qui ait une force qui lui soit propre, et une puissance judiciaire indépendante des deux autres pouvoirs ; vous aurez encore un gouvernement démocratique, mais il n’y aura presque plus de chances pour la tyrannie. Mancur Olson développe dans son ouvrage Logique de l'action collective, la théorie que des intérêts mineurs denses seront au contraire surreprésentés face à une majorité diffuse. Alexis de Tocqueville (1805-1859) Tous les passagers d'un navire ne sont pas soumis à cette tyrannie de la mer. Qu’est-ce donc que cette loi, sinon la loi de pure équité, – la loi d’égale liberté ? Pour bien comprendre l'étendue et l'importance des principes de la primauté du droit et du constitutionnalisme, il est utile de reconnaître explicitement les raisons pour lesquelles une constitution est placée hors de la portée de la règle de la simple majorité. Quelles sont les manifestations de la tyrannie de la majorite dans les regimes democratiques selon A. de Toqueville? Karl Popper définit la démocratie par opposition à la dictature ou tyrannie, notamment dans son ouvrage La société ouverte et ses ennemis. 7, Paris, 1840. Les lois promulguées par le Parlement sont de portée générale et s'appliquent à tous sans exception[12]. La toute-puissance me semble en soi une chose mauvaise et dangereuse. pourrait pas refuser à la fois la tyrannie de la majorité et la tyrannie des minorités. Le principe de la primauté du droit exige que les actes de gouvernement soient conformes au droit, dont la Constitution. Sont-ils devenus plus patients dans les obstacles en devenant plus forts ? Dans son ouvrage De la démocratie en Amérique (1835), Alexis de Tocqueville traite du risque de la tyrannie de la majorité (ou « despotisme de la majorité »)[2]. Pour moi, je ne saurais le croire ; et le pouvoir de tout faire, que je refuse à un seul de mes semblables, je ne l’accorderai jamais à plusieurs[5]. Ce serait une grave erreur d'assimiler la légitimité à la seule « volonté souveraine » ou à la seule règle de la majorité, à l'exclusion d'autres valeurs constitutionnelles[13]. Premièrement, la tyrannie de la majorité ne réfère pas seulement à Alexis de Tocqueville. Cela peut paraître inadmissible pour ceux qui considèrent qu'avoir peu de goût pour la chose publique ou la société est le signe d'un malaise ou d'une profonde aliénation, mais les tempéraments diffèrent, et trop d'enthousiasme pour des normes collectives peut conduire à l'intolérance et au mépris de la vie intérieure de chacun. Suis-je en contradiction avec moi-même ? J’ai un exemple très concret de la tyrannie d’une extrême minorité qui coûte très cher aux contribuables. La tyrannie est également le gouvernement exercé par un tyran (une personne qui exerce le … Si, du moins, le contexte dans lequel Platon peut parler du problème politique fait appel au premier type de … On a souvent besoin de force et de prudence pour les opposer à la tyrannie de la plupart de nos amis, qui se font un droit sur notre confiance et qui veulent tout savoir de nous. Si la volonté du grand nombre ne peut annuler le premier principe de moralité en ces cas-là, non plus elle ne le peut en aucun autre. Selon Olson, plus les groupes sont grands plus ils sont confrontés au problème des passagers clandestins. S’il refaisait aujourd’hui son voyage, il serait peut-être tenté de parler de la tyrannie de la minorité. la politique, où 30 % de la population n’est pas représenté parce qu’elle ne pense pas comme il faut. Il existe une loi générale qui a été faite ou du moins adoptée, non pas seulement par la majorité de tel ou tel peuple, mais par la majorité de tous les hommes. ». La tyrannie de la minorité. Cette vidéo présente LA TYRANNIE DE LA MAJORITÉ de JOHN STUART MILL. la possibilité de préemption de l’Etat sur des bien privés. Tocqueville dénonce dans cet extrait célèbre de son De la démocratie en Amérique une des dérives graves qui peut affecter la démocratie, dont l’avènement est en marche dans ce XIXe siècle européen : la tyrannie de la majorité sur la minorité, qui peut passer par les voies insidieuses du conformisme intellectuel. 52(1) de la Loi constitutionnelle de 1982 : « La Constitution du Canada est la loi suprême du Canada ; elle rend inopérantes les dispositions incompatibles de toute autre règle de droit ». », « Mais la majorité elle-même n’est pas toute-puissante. », « L'essence du constitutionnalisme au Canada est exprimée dans le par. Mais si de grandes violations de cette loi sont iniques, de plus petites le sont aussi. Et ce qui me répugne le plus en Amérique, ce n’est pas l’extrême liberté qui y règne, c’est le peu de garantie qu’on y trouve contre la tyrannie. ». aura presque plus de chances pour la tyrannie. ». Supposez, une fois encore, que tous les hommes ayant un revenu annuel de moins de 50 livres sterling résolussent de réduire à ce chiffre tous les revenus qui le dépassent et d’affecter l’excédent à des usages publics. Leur résolution pourrait-elle être justifiée ? Il y a des gens qui n’ont pas craint de dire qu’un peuple, dans les objets qui n’intéressaient que lui-même, ne pouvait sortir entièrement des limites de la justice et de la raison, et qu’ainsi on ne devait pas craindre de donner tout pouvoir à la majorité qui le représente. C’est ainsi que la tyrannie de la majorité peut devenir dangereuse. La tyrannie se sert ordinairement de l'arbitraire, mais au besoin elle sait s'en passer. La tyrannie de la majorité selon Tocqueville, De la démocratie en Amérique, II, 7, Je regarde comme impie et détestable cette maxime, qu'en matière de gouvernement la majorité d'un peuple a le droit de toute faire, la force publique n’est autre chose que la majorité sous les armes; au jury ? Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Son exercice me paraît au-dessus des forces de l’homme, quel qu’il soit, et je ne vois que Dieu qui puisse sans danger être tout-puissant, parce que sa sagesse et sa justice sont toujours égales à son pouvoir. Cette loi, c’est la justice. De même, un homme peut se sentir étouffé dans une démocratie authentiquement et vigoureusement "participative" à cause des pressions sociales ou politiques qu'elle engendre et choisir de vivre sous un climat où il y a peut-être moins de participation à la vie publique, mais plus de place pour la vie privée, des formes d'organisation sociale moins dynamiques, moins grégaires, mais aussi moins de surveillance. Troisièmement, l'article sur Alexis de Tocqueville traite de l'oeuvre de cet auteur dans son ensemble et pas seulement du concept de tyrannie de la majorité. N'oublions pas non plus qu'il a souvent existé plus de liberté culturelle et spirituelle sous un pouvoir autocratique que sous certaines démocraties, — et qu'il est au moins concevable que sous le gouvernement d'une majorité homogène et doctrinaire, la démocratie soit aussi tyrannique que la pire des dictatures. Suite à des études,en 2006, le gouvernement libéral annonce la construction du train de l’Est avec 11 nouvelles gares. Son exercice me paraît au-dessus des forces de l’homme, quel qu’il soit, et je ne vois que Dieu qui puisse sans danger être tout-puissant, parce que sa sagesse et sa justice sont toujours égales à son pouvoir. Dans De la démocratie en Amérique, Alexis de Tocqueville traitait du risque de la tyrannie de la majorité. », « La domination du grand nombre par le petit nombre, nous l'appelons tyrannie : la domination du petit nombre par le grand nombre est tyrannie aussi, mais d'une nature moins intense[6]. Paris : Éd. Les champs obligatoires sont indiqués avec *, 162 classiques de la littérature française, « Demi », « demie » et « à demi » : règles d’accord, Stupre : définition simple, courte et exemples, Fièrement propulsé par  - Conçu par Thème Hueman. il représente la majorité et lui obéit aveuglément; au pouvoir exécutif ? Mais assurément, Socrate aurait eu plus de liberté — d'expression et même d'action — si, comme Aristote, il avait fui Athènes et sa démocratie, au lieu d'en accepter les lois, bonnes et mauvaises, édictées et appliquées par lui et ses concitoyens. le jury, c’est la majorité revêtue du droit de prononcer des arrêts: les juges eux-mêmes, dans certains États, sont élus par la majorité. c’est elle qui forme la majorité; au corps législatif ? Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. La tyrannie des minorités n’est donc qu’un habile piège rhétorique de plus, pour redoubler le danger réel revenu, qui est celui d’une tyrannie aggravée de la majorité. L’Empire de la majorite se forme sur l’idee que dans la majorite il y a plus de lumiere et de sagesse. Dans l'arrêt R. c. Big M Drug Mart Ltd. (1985), le juge Dickson de la Cour suprême du Canada affirme (pour la majorité) : « Une majorité religieuse, ou l'état à sa demande, ne peut, pour des motifs religieux, imposer sa propre conception de ce qui est bon et vrai aux citoyens qui ne partagent pas le même point de vue. il est nommé par la majorité et lui sert d’instrument passif; à la force publique ? – 180 p. (Mutations) ... par exemple, se distinguent des skateurs qui, eux-mêmes, se distinguent des gothiques. De la tyrannie de la majorité à la tyrannie des minorités Suivre cet auteur Philippe Raynaud Dans Le Débat 1992/2 (n° 69) , pages 48 à 56 ». Qu’est-ce donc qu’une majorité prise collectivement, sinon un individu qui a des opinions et le plus souvent des intérêts contraires à un autre individu qu’on nomme. Sont-ils devenus plus patients dans les obstacles en devenant plus forts ? Il n’y a donc pas sur la terre d’autorité si respectable en elle-même, ou revêtue d’un droit si sacré, que je voulusse laisser agir sans contrôle et dominer sans obstacles. Malgré la déférence dont font généralement preuve les gouvernements démocratiques envers ces droits, il survient des occasions où la majorité peut être tentée de passer outre à des droits fondamentaux en vue d'accomplir plus efficacement et plus facilement certains objectifs collectifs. La Cour suprême du Canada précise : « La légitimité de nos lois repose aussi sur un appel aux valeurs morales dont beaucoup sont enchâssées dans notre structure constitutionnelle. Ce que je reproche le plus au gouvernement démocratique, tel qu’on l’a organisé aux États-Unis, ce n’est pas, comme beaucoup de gens le prétendent en Europe, sa faiblesse, mais au contraire sa force irrésistible. Selon Tocqueville, c'est dans cet espoir du citoyen américain, qui espère sortir de sa condition de pionner pour devenir lui-même un souverain, que se trouve la "tyrannie de la majorité". L’autorité du plus grand nombre, en un tel cas, serait-elle valide ? Quelque inique ou déraisonnable que soit la mesure qui vous frappe, il faut donc vous y soumettre. John Stuart Mill, philosophe, économiste politique et fonctionnaire britannique, a expliqué que la tyrannie de la majorité est pire que la tyrannie du gouvernement, car elle ne se limite pas à une fonction politique. Cette concentration des pouvoirs, en même temps qu’elle nuit singulièrement à la bonne conduite des affaires, fonde “le despotisme de la majorité”[2]. », Démocratie comme dictature de la majorité, Loi allemande des pleins pouvoirs de 1933, Alexis de Tocqueville : « La tyrannie de la majorité », extrait du tome I de, Conférence Isaiah Berlin : Les valeurs libérales en période difficile, La place du juge constitutionnel dans la vie publique, https://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Tyrannie_de_la_majorité&oldid=179241909, Portail:Sciences humaines et sociales/Articles liés, licence Creative Commons attribution, partage dans les mêmes conditions, comment citer les auteurs et mentionner la licence. Les hommes, en se réunissant, ont-ils changé de caractère ? Au-dessus d’elle, dans le monde moral, se trouvent l’humanité, la justice et la raison ; dans le monde politique, les droits acquis. Sinon, il y a évidemment une limite au pouvoir d’une majorité. Trois raisons se chevauchent. La tyrannie peut s'exercer au moyen de la loi même, et alors elle n'est point arbitraire; l'arbitraire peut s'exercer dans l'intérêt des gouvernés, et alors il n'est pas tyrannique. Sinon, il y a quelque chose à quoi son autorité doit être subordonnée. Ce que je reproche le plus au gouvernement démocratique, tel qu’on l’a organisé aux États-Unis, ce n’est pas, comme beaucoup de gens le prétendent en Europe, sa faiblesse, mais au contraire sa force irrésistible. Le pire ennemi de la démocratie, c’est la cinquième colonne que constituent les personnages de son rêve quand elle dort les yeux ouverts, et qu’elle prend pour un sursaut ce qui relève d’une reddition. Il n’y a donc pas sur la terre d’autorité si respectable en elle-même, ou revêtue d’un droit si sacré, que je voulusse laisser agir sans contrôle et dominer sans obstacles. Sinon, il doit être une troisième fois reconnu qu’il est une loi à laquelle la voix populaire doit déférer. Supposez encore que de deux races vivant ensemble – Celtes et Saxons par exemple, – la plus nombreuse décidât de faire des individus de l’autre race ses esclaves. Joseph Méry (1797-1866) Avec un système de démocratie directe, un risque de tyrannie de la minorité sur la majorité — Alain Duhamel (@AlainDuhamel) 17 décembre 2018 Les plus lus « Quiconque refusera d’obéir à la volonté générale y sera contraint par tout le corps : ce qui ne signifie autre chose sinon qu’on le forcera d’être libre. La toute-puissance me semble en soi une chose mauvaise et dangereuse. Il affirme : « La volonté du peuple signifie en pratique la volonté du plus grand nombre [...] Il est donc possible que les « gens du peuple » soient tentés d'opprimer une partie des leurs ; aussi est-ce un abus de pouvoir dont il faut se prémunir au même titre qu'un autre. Brésil : Bolsonaro ou la tyrannie de la majorité. Il se forme aussi sur le principe que les interets de plus grand nombre doivent etre preferes a ceux de petit. Lorsqu’un homme ou un parti souffre d’une injustice aux États-Unis, à qui voulez- vous qu’il s’adresse ? C'est pourquoi il demeure primordial de limiter le pouvoir du gouvernement sur les individus [...] Ainsi range-t-on aujourd'hui, dans les spéculations politiques, la tyrannie de la majorité au nombre de ces maux contre lesquels la société doit se protéger[7]. Lors donc que je vois accorder le droit et la faculté de tout faire à une puissance quelconque, qu’on l’appelle peuple ou roi, démocratie ou aristocratie, qu’on l’exerce dans une monarchie ou dans une république, je dis: là est le germe de la tyrannie, et je cherche à aller vivre sous d’autres lois. Notre Cour a souligné plusieurs fois que, dans une large mesure, l'adoption de la Charte (Charte canadienne des droits et libertés) avait fait passer le système canadien de gouvernement de la suprématie parlementaire à la suprématie constitutionnelle. Personne pense-t-il qu’un tel acte législatif serait défendable ? Par exemple, les augmentations astronomiques du projet du train de l’Est. C’est un thème rebattu depuis l’Antiquité qu’on retrouve au XVIII° siècle, notamment chez Kant, puis au XIX°, par exemple chez John Stuart Mill dans De la liberté (1859, chapitre I), que la démocratie peut être tyrannique, plus précisément une tyrannie de la majorité. Les hommes en se réunissant, ont-ils changé de caractère ? Ils ne sauraient en transgresser les dispositions : en effet, leur seul droit à l'autorité qu'ils exercent réside dans les pouvoirs que leur confère la Constitution. La tyrannie de la majorité est une conséquence indésirable de la démocratie par laquelle une majorité démocratique peut opprimer une minorité si la démocratie n'est pas accompagnée de la reconnaissance de certains droits pour protéger les minorités. À l’opinion publique ? Je regarde comme impie et détestable cette maxime, qu’en matière de gouvernement la majorité d’un peuple a le droit de toute faire, et pourtant je place dans les volontés de la majorité l’origine de tous les pouvoirs. »[citation nécessaire]. Nous nions le droit d’une majorité d’assassiner, d’asservir ou de voler, simplement parce que l’assassinat, l’asservissement et le vol sont des violations de cette loi, – violations trop flagrantes pour être négligées. En tant que telle, elle n'est nullement infaillible. ». De notre temps, la liberté d'association est devenue une garantie nécessaire contre la tyrannie de la majorité. Le pire ennemi de la démocratie n’est pas la dictature, ni la vidéo-surveillance, ni la NSA. Cultures lycéennes : la tyrannie de la majorité. une des dérives graves qui peut affecter la démocratie, dont l’avènement est en marche dans ce XIXe siècle européen : la tyrannie de la majorité sur la minorité, qui peut passer par les voies insidieuses du conformisme intellectuel. Le philosophe franco-suisse Benjamin Constant est l'un des premiers à mettre en avant ce risque dans ses Principes de politique (1806), tout en défendant la nécessité d'un régime représentatif : « L'erreur de ceux qui, de bonne foi dans leur amour de la liberté, ont accordé à la souveraineté du peuple un pouvoir sans bornes, vient de la manière dont se sont formées leurs idées en politique. 441, à la p. 455). 13 thoughts on “ Démocratie, tyrannie des minorités, paradoxes de la majorité ” Ping : iPhilo » Démocratie, tyrannie des minorités, paradoxes de la majorité piquet 23 juillet 2017 à 20:06. Autrement, 2005. Je ne dis pas que dans le temps actuel on fasse en Amérique un fréquent usage de la tyrannie, je dis qu’on n’y découvre point de garantie contre elle, et qu’il faut y chercher les causes de la douceur du gouvernement dans les circonstances et dans les mœurs plutôt que dans les lois. », « Qu’est-ce donc qu’une majorité prise collectivement, sinon un individu qui a des opinions et le plus souvent des intérêts contraires à un autre individu qu’on nomme la minorité ? Ces remarques ont été reprises ultérieurement par le philosophe Friedrich Hayek, en particulier dans La Constitution de la liberté[8] (1960). Qu’est-ce donc qu’une majorité prise collectivement, sinon un individu qui a des opinions et le plus souvent des intérêts contraires à un autre individu qu’on nomme la minorité ? Les juges, notamment constitutionnels, ont exprimé des p… On peut entendre par politiquement correct "le cercle de la pensée" tel que décrit par Tocqueville, ou l'empire moral de la majorité et la "tyrannie de l'opinion sociale", selon John Stuart Mill. Le philosophe franco-suisse Benjamin Constant est l'un des premiers à mettre en avant ce risque dans ses Principes de politique (1806), tout en défendant la nécessité d'un régime représentatif : », Influencé par Tocqueville, John Stuart Mill affirme dans son ouvrage De la liberté (1859), que « la tyrannie de la majorité » est l'un des maux contre lesquels la société doit se protéger. Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre. « La démocratie est essentiellement un moyen, un procédé utilitaire pour sauvegarder la paix intérieure et la liberté individuelle. La dernière modification de cette page a été faite le 26 janvier 2021 à 19:00. Deuxièmement, une constitution peut chercher à garantir que des groupes minoritaires vulnérables bénéficient des institutions et des droits nécessaires pour préserver et promouvoir leur identité propre face aux tendances assimilatrices de la majorité »[14]. Il se rapproche alors d’un Montesquieu pour qui les pouvoirs doivent s’équilibrer les uns les autres. », « Le pouvoir accordé aux tribunaux de se prononcer sur l’inconstitutionnalité des lois, forme encore une des plus puissantes barrières qu’on ait jamais élevée contre la tyrannie des assemblées politiques[4]. Il se rapproche alors d’un Montesquieu pour qui les pouvoirs doivent s’équilibrer les uns les autres. Ces risques ont en particulier été évoqués par les penseurs libéraux. Il développe ainsi à travers des exemples : « Supposez un instant que, frappée de quelque panique malthusienne, une puissance législative représentant dûment l’opinion publique projetât d’ordonner que tous les enfants à naître durant les dix années futures soient noyés. Premièrement, une constitution peut fournir une protection supplémentaire à des droits et libertés fondamentaux qui, sans elle, ne seraient pas hors d'atteinte de l'action gouvernementale. La Constitution lie tous les gouvernements, tant fédéral que provinciaux, y compris l'exécutif (Operation Dismantle Inc. c. La Reine, [1985] 1 R.C.S. Mais s’il en est ainsi, celui qui, comme M. Worms lui-même, refuse avec la dernière énergie la tyrannie de la majorité doit alors confesser qu’il souhaite la tyrannie des minorités. Il affirme : « Les démocraties sont naturellement portées à concentrer toute la force sociale dans les mains du corps législatif. Or, si vous admettez qu’un homme revêtu de la toute-puissance peut en abuser contre ses adversaires, pourquoi n’admettez-vous pas la même chose pour une majorité ? Deuxièmement, la tyrannie de la majorité n'a pas seulement des fondements philosophiques. Mis à jour 19/03/2020. La constitutionnalisation de ces droits sert à garantir le respect et la protection qui leur sont dus. La justice forme donc la borne du droit de chaque peuple. LE CERCLE/POINT DE VUE - La démocratie illibérale » incarnée par Jair Bolsonaro par n'est pas une simple tendance. Ils ont vu dans l'histoire un petit nombre d'hommes, ou même un seul, en possession d'un pouvoir immense, qui faisait beaucoup de mal ; mais leur courroux s'est dirigé contre les possesseurs du pouvoir, et non contre le pouvoir même. Mais, dans les démocraties libérales (démocraties constitutionnelles), le Parlement (représentant le peuple) n'est pas omnipotent. Le jury, qui représente la société, doit-il avoir plus de puissance que la société elle-même dont il applique les lois ? ». Dans De la démocratie en Amérique, Alexis de Tocqueville traitait du risque de la tyrannie de la majorité. Ainsi, Tocqueville craint une tyrannie de la majorité, l'individu tendant à abdiquer sa volonté personnelle au profit de l’État, et la majorité pouvant opprimer la minorité. De sorte que, quelque insignifiante que soit la minorité et minime la transgression de ses droits qu’on se propose d’accomplir, aucune transgression de ce genre ne peut être permise[6]. Pour comprendre le principe de majorité, les données fournies par le droit positif sont insuffisantes, pour ne pas dire frustrantes. Or, si vous admettez qu’un homme revêtu de la toute-puissance peut en abuser contre ses adversaires, pourquoi n’admettez-vous pas la même chose pour une majorité ? Dans Le Droit d'ignorer l'État (1850), Herbert Spencer pointe également ce problème : « Des superstitions politiques auxquelles il a été fait allusion précédemment, aucune n'est aussi universellement répandue que l'idée selon laquelle les majorités seraient toutes-puissantes. Mais pour le principe saisi dans sa généralité, on pourrait dire, en simplifiant, que le plus souvent les constitutions écrites le présupposent. Je ne dis pas que dans le temps actuel on fasse en Amérique un fréquent usage de la tyrannie, je dis qu’on n’y découvre point de garantie contre elle. Ainsi, lorsqu'un ensemble d'individus ont un intérêt en commun, mais sont inorganisés, il se peut qu'ils ne fassent rien. Il faut bien distinguer l'arbitraire de la tyrannie. La majorité reconnaît ces deux barrières, et s’il lui arrive de les franchir, c’est qu’elle a des passions, comme chaque homme, et que, semblable à eux, elle peut faire le mal en discernant le bien[3]. Un écrit magistral sur la tyrannie et le servilisme que la démocratie (c'est-à-dire la tyrannie de la majorité) entraîne partout et auprès de tout le monde. Ces limitations, que tous voudraient mettre à la volonté de la majorité, sont exactement les limitations fixées par cette loi. Dans une démocratie, le peuple est souverain (suprématie ou souveraineté parlementaire)[10] et les décisions politiques (telles que l'adoption des lois) sont prises à la majorité conformément au principe démocratique[11]. Comme on le verra, les constitutions n’y font que rarement référence, sinon à travers des mécanismes spécifiques qui en font application. Je pense donc qu’il faut toujours placer quelque part un pouvoir social supérieur à tous les autres, mais je crois la liberté en péril lorsque ce pouvoir ne trouve devant lui aucun obstacle qui puisse retenir sa marche et lui donner le temps de se modérer lui-même. La Charte protège les minorités religieuses contre la menace de "tyrannie de la majorité" »[15]. Dans l'introduction d’Éloge de la liberté (1958) (ouvrage dans lequel se trouve la distinction de l'auteur entre la « liberté positive » et la « liberté négative »), Isaiah Berlin affirme : « Certains de mes critiques protestent avec indignation à l'idée qu'un homme puisse, en ce sens, avoir une plus grande liberté "négative" sous la férule d'un despote tolérant ou inefficace que sous une intraitable démocratie égalitariste. On remarque donc en lui une tendance habituelle qui le porte à réunir toute espèce d’autorité dans son sein. Pour moi, je ne saurais le croire ; et le pouvoir de tout faire, que je refuse à un seul de mes semblables, je ne l’accorderai jamais à plusieurs. Celui-ci étant le pouvoir qui émane le plus directement du peuple, est aussi celui qui participe le plus de sa toute-puissance. Alexis de Tocqueville, De la démocratie en Amérique, tome 2, partie 2, chap. En d'autres mots, le principe du constitutionnalisme exige que les actes de gouvernement soient conformes à la Constitution.